« Passerelles », Edgardo Navarro
N’attendez plus pour vous balader dans le Marais!
Venez découvrir à l’Institut culturel du Mexique l’exposition Passerelles du peintre Edgardo Navarro qui se termine le 30 avril 2020.
Edgardo Navarro est un artiste mexicain qui vit et travaille à Paris. Il a fait des études scientifiques au Mexique et fut diplômé de l’Ecole nationale supérieure d’art de la Villa Arson de Nice puis de l’Ecole supérieure des beaux-arts de Leipzig en Allemagne. Une fois en Europe, il pu forger son concept et développer sa technique afin de mieux structurer sa pensée et mettre des mots sur sa création.
Son oeuvre fait partie des collections du FRAC-Artothèque Limousin Nouvelle Aquitaine, du FRAC Normandie Caen, du G2 Collection Hildebrandt à Leipzig et du Kunstsammlung Leipziger Hof de Leipzig en Allemagne.
Edgardo Navarro et la commissaire d'exposition, Ingrid Arriaga.
Toutes les toiles d’Edgardo Navarro sont remarquables par leur forme carrée à fond noir, contraire au dogme qui lui a été enseigné, mais également par ces personnages d’un réalisme fulgurant qui paraissent sortir du tableau. L’artiste joue avec la géométrie et représente généralement les scènes dans un cercle donnant une impression de fenêtre.
Edgardo Navarro est un artiste novateur et protecteur des traditions mexicaines. En effet, vous pourrez remarquer que le travail de l’artiste est fortement influencé par la culture traditionnelle du Mexique avec la mosaïque, les paysages du désert, le rapport au soleil, aux animaux ou encore à la nature. Il est également influencé par la culture occidentale avec les personnages, l’architecture européenne mais également la mosaïque qui renvoie à l’intérieur des maisons coloniales.
L’ œuvre d’Edgardo Navarro contient plusieurs axes tels que la recherche d’espace, la figure humaine ou encore la nature se dévoilant tel un rêve. L’artiste utilise également la duplication de certains côtés ou angles, afin de jouer avec la perspective et de donner un effet hallucinatoire à la toile. Cette duplication créée du mouvement et nous transporte comme dans un film.
Edgardo Navarro est indéniablement un chercheur dans sa pensée et sa technique.
Tout d’abord, nous constatons une recherche dans ses personnages. L’artiste travaille ses œuvres en amont par la création de prototypes, personnages qui serviront à l’élaboration de ses toiles. Cette méthode était fortement employée au XVe siècle par les grands peintres de la Renaissance. Tout ses personnages sont démunis de regard et peuvent être considérés, comme il le dit si bien, comme des « Monsieur et Madame tout le monde ». Le visiteur peut donc s’imprégner complètement de l’oeuvre qui s’ouvre devant lui telle une fenêtre et se confondre aux personnages si réels.
Par ailleur, Edgardo Navarro a commencé une recherche de pigments et de terres dans le but de créer une peinture durable, résistante à la lumière, plus condensée et plus naturelle. En 2017, il a donc obtenu une bourse de recherche du CNAP (Centre National des Arts Plastiques) afin de passer huit mois au Mexique auprès des Wixarikas, tribu indigène vivant près de San Luis Potosi, sa ville natale. Ce voyage lui a permis de créer sa propre peinture en récoltant des pigments dans le désert du Mexique pour les moudre et les mélanger à un agglutinant. Par cette démarche, Edgardo Navarro remet en question tout le système de la peinture en tube qui s’est développé durant l’ère industrielle à la deuxième moitié du XIXe siècle. Cette dernière est, encore aujourd’hui, produite en masse et perd en qualité puisque la couleur s’estompe après cinq ans. L’artiste utilise finalement dans ses toiles: 50 % de pigments naturels et 50 % de pigments du commerce. Toutes les couleurs orange, ocre ou rouge sont toutefois issues du désert du Mexique.
Ce voyage lui a également permis de suivre tout le processus de création des traditions des Wixarikas, peuple du nord-ouest du Mexique. Chaque année, ces derniers réalisent un pèlerinage de l’ouest à l’est pour suivre le soleil. Durant ce périple, ils fabriquent des offrandes et les offrent tout au long de leur voyage aux divinités de la pluie, de l’agriculture ou de la santé. Les toiles d’Edgardo Navarro nous transportent dans un voyage onirique au cœur des traditions des Wixarikas où l’homme se mêlent au paysage, à la faune et la flore. Nous sommes là, devant des toiles grandeur humaine, observant des enfants qui réalisent diverses tâches du pèlerinage ou encore des animaux apparaissant comme dans un rêve.
Le terme de « passerelles » incarne parfaitement l’ensemble du travail d’Edgardo Navarro, à la fois par l’idée d’un lien entre les cultures mexicaines et occidentales mais également par les notions de perspective, d’hors champs, de fenêtres, de lyrisme et d’onirisme qui sont toutes en symbiose.
Edgardo Navarro a été exposé dans toute la France et en Europe mais n’a jamais été présenté au Mexique. D’après Ingrid Arriaga, commissaire de l’exposition, ce serait certainement le prochain objectif de l’artiste afin de continuer à développer son oeuvre.
Portrait réalisé par l'atelier A Arte – ADAGP
« Passerelles », avec ses immenses toiles et ses couleurs intenses nous transportent dans un univers plein de surprises et d’émotions.
J’espère que cet article vous aura donné envie de vous rendre à l’Institut Culturel du Mexique pour voyager en plein cœur de l’oeuvre d’Edgardo Navarro.